2. Analyse de l'objet d'étude

Le Radeau de la Méduse (Géricault, 1818-1819)


franceinfo.fr


Il est tentant de suivre le plan "classique" qui suit (proposé par Le Livre Scolaire et Histoire des arts 3e, Nathan) :


I. L'analyse précise de l'OE


1) La technique et les matériaux utilisés : crayon, fusain, sanguine, encre, etc. (pour le dessin), gouache, aquarelle, acrylique, huile, etc. (pour la peinture), tirage argentique, numérique, Polaroid, plaque de verre, sténopé, etc. (pour la photographie)…

2) Le support : toile, bois, papier, carton, mur, voûte d'église, etc.

Les dimensions : travailler à partir d'une reproduction fausse la perception de l'œuvre. Dans un livre ou sur Internet, les images ont toutes plus ou moins la même taille. Or, en réalité, une œuvre de 10 x 15 m ne fait pas du tout le même effet qu'une œuvre de 10 x 15 cm.

3) Le lieu de conservation : musée, église, château, rue, collection privée, etc.

4) Le commanditaire, s'il y en a un (c'est par exemple le cas pour les affiches publicitaires, de nombreuses œuvres religieuses, les portraits officiels comme le portrait de Napoléon présenté plus loin, etc.). Certains commanditaires ont des demandes très précises : dans ce cas-là, l'œuvre n'est pas issue de la seule imagination de l'artiste.

 

5) La composition

 

5a) Les différents plans

Si l'image contient plusieurs plans, commencez plutôt par décrire le premier plan pour reculer progressivement vers l'arrière-plan.

Mais ceci n'est pas une règle absolue : on peut choisir de commencer par exemple par présenter le contexte à l'arrière-plan avant d'étudier le personnage principal au premier plan, commencer par présenter le personnage principal au deuxième plan avant de présenter des éléments secondaires au premier plan…

 

5b) Les lignes directrices

Pour analyser la composition d'une image, il faut repérer les principales lignes directrices en distinguant :

- les lignes de force (horizontales, verticales, diagonales ou courbes). Elles composent l'image en accentuant l'horizontalité (souvent utilisée pour les paysages), la verticalité pour les portraits en pied (personnage debout), la force ou la tension de l'événement représenté par une forme pyramidale (par exemple dans Le Radeau de la Méduse), ou encore l'intimité avec le tondo (support de forme circulaire qui crée un cadre intime, par exemple dans La Vierge à la chaise de Raphaël) ;

- les lignes de fuite, en rouge ci-dessous, donnent l'idée de la profondeur, de la perspective. Elles convergent vers la ligne d'horizon, vers laquelle se dirige le regard.

 

5c) La règle des tiers

Lorsque nous regardons une image, notre œil est naturellement plus attiré par ce qui est situé aux tiers (gauche, droit, haut et bas) de l'image, que par ce qui se trouve en plein milieu ou sur les bords extrêmes. Plus précisément, les points vers lesquels notre regard a tendance à se diriger en premier sont les points d'intersection entre les lignes situées aux tiers de l'image.

C'est la raison pour laquelle les artistes ont tendance à composer leur image en fonction de ces lignes et de ces points, en y plaçant les éléments qu'ils veulent mettre en valeur.

Ainsi, dans un paysage, la ligne d'horizon est généralement placée à peu près sur la ligne du tiers supérieur (par exemple sur Le Radeau de La Méduse), ou inférieur, si l'artiste veut donner beaucoup d'importance au ciel (pour donner une impression d'espace, de liberté, ou de vide, ou quand il représente un ciel menaçant, tourmenté, etc.). Dans un portrait en pied (ou un portrait équestre), le visage est généralement placé sur la ligne du tiers supérieur, voire à l'intersection avec une ligne de tiers verticale (c'est par exemple le cas sur le portrait de Napoléon). Dans un portrait plus rapproché, ce sont les yeux (éléments essentiels du visage) que l'on place généralement sur une ligne de tiers.

 

6) Les proportions


Il faut se demander si elle sont respectées  ou déformées (comme dans les caricatures).

- Une photographie prise de près avec un grand angle aura pour effet de grossir ce qui est au premier plan.

- Une plongée (prise de vue « par au-dessus ») ou une contre-plongée (prise de vue « par en dessous ») donneront l'impression que le sujet est respectivement petit ou grand.


Bien entendu, la déformation des perspectives est voulue par l'artiste (ou par le commanditaire), et il faut la commenter

 

7) La couleur et la lumière

 

7a) La couleur

Pour commenter les couleurs d'une image, on commence bien sûr par commenter les couleurs dominantes (les plus présentes).

- On peut tout d'abord préciser si elles sont chaudes (rouge, orange, ocre, jaune, etc.) ou froides (bleu, vert, etc.).

- On peut analyser certaines couleurs comme ayant une valeur symbolique : le blanc pourra symboliser la pureté, le rouge l'amour, l'or la puissance, la majesté, etc.

Attention : La symbolique de certaines couleurs dépend en partie de leur contexte. Par exemple, le blanc peut aussi bien symboliser la pureté dans le portrait d'une jeune femme, que la mort dans un tableau représentant un cadavre ou un spectre ; le rouge, selon le contexte, peut symboliser l'amour, la sensualité, la vie, aussi bien que le sang, la violence, la mort, etc.

Pour aller plus loin, on peut analyser les couleurs en termes plus techniques, en se référant au cercle chromatique ci-dessous :

  • les couleurs primaires sont le magenta (rouge), le cyan (bleu) et le jaune ;
  • les couleurs secondaires sont constituées d'un mélange de deux couleurs primaires :

- magenta + jaune = orangé
- cyan + jaune = vert
- cyan + magenta = violet.

Remarque : Essayez d'être le plus précis possible quand vous nommez les couleurs. Par exemple, pour le magenta (rouge), on peut distinguer entre vermeil, écarlate, incarnat, rouge sang, rouge cerise, etc.

 

7b) La lumière


L'image est-elle lumineuse ou sombre ? Peut-on mettre cela en lien avec le sujet (lumière faible qui crée une atmosphère intime, romantique, ou au contraire effrayante, triste, etc.) ?

La lumière est-elle diffuse (lumière du jour par exemple) ou provient-elle d'une source lumineuse précise qui crée un clair-obscur (lampe, fenêtre, bougie, etc., ou élément « hors champ » : qu'on ne voit pas sur l'image) ?

La lumière provient-elle d'en haut, d'en bas, d'un côté ? Que met-elle dans l'ombre (un personnage, une partie d'un visage, etc.) ? Quel est l'effet créé (par exemple, un visage violemment éclairé par dessous ou par dessus sera effrayant, car les yeux seront noyés dans l'ombre) ?


II. L'interprétation de l'OE


L'interprétation découle :

-des informations que vous venez d'apporter sur l'image en vous fondant sur une analyse objective

-du contexte historique, social, ou culturel de l'OE

-des intentions  de l'artiste, de la fonction de l'oeuvre (voir ci-dessous)


En effet objet d'étude peut avoir différentes fonctions :
- descriptive et narrative : portrait, nature morte, paysage, scène de genre (voir le tableau de Bruegel du Livre Scolaire, p. 334), événement historique, etc. ;
- argumentative : l'image a pour fonction de persuader, convaincre, critiquer, faire réfléchir (publicité, dessins satiriques ou parodiques) ;
- esthétique : l'image vise à susciter l'émotion.


 

III. La mise en relation avec la problématique

 

Il s'agit à présent de faire la synthèse des I. et II., afin de préciser dans quelle mesure l'OE choisi permet de répondre à la question posée en fin de conclusion.

 

 

 


Inconvénients inhérents à ce type de plan


-surtout adapté à l'étude d'un OE constitué d'une seule oeuvre (pas à la comparaison de deux oeuvres)


-plan inenvisageable pour des OE autres que "arts du visuel" et "arts de l'espace"


-risque de se répéter (le I. ne doit pas reprendre les éléments de l'introduction !)


-si on a "beaucoup de choses à dire", risque de se perdre dans les méandres d'une analyse fine


-plan qui peut "faire oublier" la problématique qui a été définie en fin d'introduction...


Autres plans possibles


Ne pas perdre de vue que vous venez de présenter l'OE dans l'introduction et de poser une question précise à son sujet. Il faut donc que les deux ou trois parties de votre développement marquent les étapes de votre raisonnement.

Exemple :


OE : La condition des femmes dans Les Diaboliques et Celle qui n'était plus.


Problématique : Dans quelle mesure peut-on affirmer que le film Les Diaboliques ne délivre pas le même message sur la condition féminine que le roman dont il est l'adaptation ?


Plan possible (mais non obligatoire !)


I. Les principaux personnages féminins dans les deux oeuvres

a) Portrait physique et moral des femmes dans le roman et dans le film

b) Leur fonction narrative dans les deux oeuvres

c) Quels procédés spécifiques aux deux genres soulignent le pouvoir mystérieux des femmes ?


II. Le message féministe du roman : teneur et procédés

a) Quelles différences peut-on remarquer ?

b) Justification : les limites du cinéma (art du visuel), en matière de suspense et de décence


Ce type de plan permet de distiller les relevés d'exemples et de procédés (citations, point de vue interne, adjectifs qualificatifs, références à l'actualité, figure de style, etc.) tout au long des deux parties. Ce type de plan s'adapte à TOUS les objets d'études proposés par vos professeurs. Ne pas hésiter à leur demander des conseils, si vous éprouvez des difficultés à le bâtir.


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